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 Pédagogie libertaire

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Vortigaunt




Masculin Nombre de messages : 677
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Classe et établissement ( + localité ) : TES2, Lycée de L'Arc
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Date d'inscription : 27/12/2007

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MessageSujet: Pédagogie libertaire   Pédagogie libertaire EmptyDim 8 Fév - 16:25

Après le 'je manifeste contre', je manifeste pour:
(ou à peu près)



Les principes régulateurs de la pédagogie libertaire


Par ailleurs, quant aux principes de la pédagogie libertaire, j'en resterai à l'énonciation de quelques grands invariants qui semblent fondamentaux. Il m'apparaît aujourd'hui mais n'est-ce pas le filtre de l'éducation des adultes qui agit là ? Que la finalité essentielle de ce processus de l'éducation par la liberté consiste en ce que l'individu, au fur et à mesure du travail éducatif, participe de plus en plus à l'organisation et à la production de ses savoirs.
L'éducation, en cela, est constituante de l'anarchisme, puisqu'elle vise à autoriser l'individu à se produire en tant que personne autonome, soucieuse de développer par la connaissance et la connaissance de soi sa liberté et la liberté des autres, et qu'elle se propose de donner à tous et à toutes un espace dans lequel se réaliser socialement et professionnellement

Comme l'écrivait Pestallozzi, pédagogue suisse du XVIIIe siècle, le projet éducatif tente de permettre à chacun "de se faire libre", compte tenu de ce qu'il est Les théoriciens et les praticiens de la pédagogie libertaire iront eux aussi dans ce sens, comme J-J Rousseau, avant Pestallozzi, l'a préconisé pour Emile, qu'il se proposait de faire "premièrement homme".

L'Encyclopédie anarchiste est sans ambiguïté à ce sujet :
"l'éducation a pour but d'éduquer l'enfant pour qu'il puisse accomplir la destinée qu'il jugera la meilleure, de telle façon qu'en toute occasion, il puisse juger librement de la conduite à choisir et avoir une volonté assez forte pour confronter son action à ce jugement".
Ainsi, le but de l'éducation libertaire, et a fortiori de la pédagogie libertaire, consiste à participer à l'élaboration d'un individu libre d'agir et de penser et capable de produire un discours critique sur ses propres choix. En cela, le projet anarchiste d'éducation dépasse la simple accumulation de savoir et se propose de construire un individu capable d'analyse et de recul critique.


Vers des individus libres et autonomes

Si "la liberté est le couronnement de l'édifice éducatif ", former l'esprit "c'est le mettre en garde contre toutes les causes subjectives (intérêt personnel, amour propre, paresse, dépendance d'autrui, principes dogmatiques, goût du merveilleux), qui nous empêchent d'observer et de juger ou nous induisent en erreur dans nos observations et nos jugements" (l).

L'éducation libertaire s'affirme comme une pédagogie rationaliste, voire scientifique qui refuse de faire de l'enfant, et plus tard de l'adulte, un croyant en l'anarchie. Elle prône un individu qui après analyse et réflexion tentera, éventuellement. avec d'autres, de construire l'anarchisme.
Elle n'est donc pas, contrairement à de nombreuses doctrines pédagogiques, une machine à reproduire et à décerveler, mais, au contraire, un mode de production d'individus libres et autonomes, capables de choisir leur mode d'engagement social.
L'éducation libertaire et son corollaire, la pédagogie, visent, comme, le proposait déjà W. Godwin, "à apprendre à penser, à discuter, à se souvenir et à se poser des questions" (2).

La connaissance, même si elle est indispensable, n'est pas une fin en soi.

Le résultat de l'éducation n'est pas une tête bien pleine, qui offre à l'individu tous les moyens d'agir, tant dans la sphère du travail manuel que dans celle de la pensée et: du travail intellectuel. Elle se propose de doter l'individu, sans négliger ni oublier les influences extérieures, des outils de son autoconstruction.

De plus, l'éducation libertaire -la pédagogie Freinet et la pédagogie institutionnelle s'en inspireront largement- est aussi une école de la vie et des fonctionnellement sociaux.

L'enfant doit donc s'éduquer et être éduqué dans la liberté et le respect de l'autre, adulte ou enfant Dans les réunions, écrivait déjà J. Guillaume, les enfants seront complètement libres :
" ils organiseront eux-mêmes leurs jeux, leurs conférences, établiront un bureau pour diriger leurs travaux, des arbitres pour juger leurs différents, etc. Ils s'habitueront ainsi à la vie publique, à la responsabilité, à la mutualité; le professeur qu'ils auront librement choisi pour leur donner un enseignement ne sera plus pour eux un tyran détesté, mais un ami qu'ils écouteront avec plaisir" (3).

Au-delà de la modernité et de l'idéalisme du propos, il convient de souligner que le projet libertaire remet fondamentalement en cause le statut du couple savoir/pouvoir dans la situation éducative. C'est pourquoi, elle fut et elle est encore, en de nombreux lieux, dérangeante et anticipatrice des sociétés futures. En effet, sans se leurrer non plus, le pouvoir n'appartient plus à celui qui sait (l'enseignant), mais, en principe, à tous et à toutes. Le savoir est la résultante, non plus d'une assimilation passive, mais d'un travail individuel socialisé ou d'une activité collective.

L'éducateur n'est plus là pour transmettre un savoir académique, issu de directives et de programmes autoritaires, mais pour favoriser chez les apprenants la production de connaissance en fonction de leurs centres d'intérêt ou de leur préoccupation du moment.

L'enseignant disparaît en se décentrant, et devient un aide à l'apprentissage, qui n'a pour mission que d'aider les apprenants "à trouver les réponses à leurs questions, soit dans l'expérience, soit dans les réunions avec les camarades, soit dans les livres et le plus rarement possible à leur répondre directement eux-mêmes" (4). Il s'agit tout simplement de mettre en acte la très célèbre formule de Blanqui dans l'espace éducatif "ni dieu (omniscient) ni maître (omnipotent)".


Une attitude de vie

Pour clore cette évocation rapide de quelques principes de pédagogie libertaire, j'aimerais ajouter deux remarques. La pédagogie libertaire, d'abord, n'est pas une pédagogie de l'outil, mais une pédagogie de la démarche et de l'attitude. C'est-à-dire qu'elle ne fonde pas ses résultats sur l'objet de la médiation -tel ou tel livre, telle ou telle méthode, tel ou tel support- mais sur l'aptitude du groupe et de son animateur à mettre en oeuvre un processus éducatif dans la liberté.

Elle est une intention permanente en acte, d'où ses fragilités, et non pas un croyance dans l'infaillibilité de la méthode, d'où sa force. La pédagogie libertaire est une pédagogie pragmatique, non dogmatique, qui repose avant tout sur quelques principes simples et surtout la conscience et la participation active de ceux et de celles qui la mettent en oeuvre en situation et dans un contexte.

Ma deuxième remarque -mais n'est-elle pas inutile ici ?- consistera à insister sur le fait que la pédagogie libertaire n'a de sens que si elle est mise en acte, conçue et guidée par les apprenants eux-mêmes, en bref qu'elle est faite pour (et par) les éduqués et non pour (et par) l'éducateur.
Il ne s'agit donc pas seulement de se faire plaisir, encore que cela soit aussi recommandé, mais d'agir dans l'intérêt des "citoyens en apprentissage". L'éducation et la pédagogie libertaire sont des principes en action, mais aussi en questionnement permanent, il va de soi, alors qu'elles se pratiquent en tout lieu, librement ou clandestinement, qu'il n'y a pas d'espace et de temps réservé à leur exercice, et que, sans le savoir, certains et certaines, soucieux du développement des enfants et des adultes, les pratiquent très bien.

C'est pourquoi, peuvent s'en revendiquer l'équipe de Bonaventure, celle du lycée autogéré de Paris et d'ailleurs ou des individus isolés ; qui dans une classe Freinet, qui dans le cadre de la pédagogie institutionnelle, qui dans une ZEP, qui en formation d'adultes.

La pédagogie libertaire, comme le prolétariat, n'a pas de patrie.




Hugues Lenoir
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